Parler de chansons à boire pour chorale, c’est constater avant tout que, dans une chorale, il est fréquent que l’on ait quelque chose à fêter. L’anniversaire d’un choriste, une fête de Ste-Cécile, le verre de l’amitié à la fin d’un concert… À toutes ces occasions, il est de tradition de lever son verre. Lorsque l’on fête un tel évènement dans un chœur, il est aussi de coutume d’entonner un chant joyeux. En même temps que lever son verre, c’est une ode à la joie et à l’amitié qui en est souvent le thème. Dès lors, nous allons aborder dans cet article une présentation de chansons à boire pour les circonstances de fête.
La tradition des chansons à boire chantées en chœur
De tout temps, les chansons à boire ont donc accompagné les moments de fête. Car de tout temps, les fêtes ont été l’objet de libations et de célébrations du dieu Bacchus. Certes, il est admis aujourd’hui que les boissons alcoolisées se consomment avec modération. Mais, il est aussi vrai que l’alcool offre une certaine désinhibition propre à aborder les moments festifs de manière plus extravertie.
De la même manière, la chanson à boire accompagne les célébrations joyeuses en offrant une manière collective de fêter et festoyer. Ainsi, elle permet de faire lien et de souder le groupe dans une joyeuse exclamation musicale. Attention toutefois ! Si la modération n’a pas été de mise pendant ce moment festif, il est aussi possible que le chœur devienne peu à peu une joyeuse cacophonie.
La chanson à boire
À l’exemple de la liste reprise ci-dessous, cette tradition associant fête et chant, traverse tous les âges et tous les milieux. Dès lors, elle permet de gommer les différences et rassembler dans une même unité ceux qui ne peuvent parfois pas se côtoyer à d’autres occasions.
Toutefois, la tradition de la chanson à boire n’a pas que des côtés positifs. Par exemple, elle est souvent née dans les libations de la soldatesque, non seulement dans les corps de garde, mais aussi au soir de féroces batailles. Dans ce cas, elles accompagnaient régulièrement des débordements et des exactions dont les populations locales faisaient généralement les frais.
Qui n’aime pas le vin, les femmes ni les chants restera un sot toute sa vie !
M. L. King
Souvent, la chanson à boire est associée à la chanson paillarde. Très fréquemment, celles-ci s’illustrent, comme nous le verrons par quelques exemples aussi, par des propos franchement misogynes. À l’heure de #metoo, il nous faut convenir que ces textes que nous chantons, sont d’un autre temps. Il est évident que, par la distance que nous devons prendre en les entonnant, il est nécessaire de dénoncer l’image de la femme qui souvent y est donnée. À ce propos, même un sage comme M.L. King se laisse parfois déborder par son enthousiasme (voir citation ci-dessus).
Petite rétrospective de chansons à boire pour chorale
La Renaissance possède un riche répertoire de chansons de ripailles fêtant la dive bouteille. En voici deux exemples :
- Ô, vin en vigne de Roland de Lassus (1532 – 1594),
- Quand je bois du vin clairet (Tourdion) édité par Th. Arbeau (1520 – 1595) et remis au goût du jour par César Geoffray, le père du mouvement A cœur joie.
L’Époque Baroque n’est pas en reste, notamment dans les fêtes bourgeoises et aristocratiques. Nous l’illustrerons par ces deux pièces :
- Chanson à boire de Gabriel Bataillé (1574 ? – 1630).
- Che gusto de Antonio Caldara (1670 – 1736)
Peu après, les XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles voient l’émergence des chansons à boire populaires. Pour la plupart, elles sont quasi anonymes et beaucoup sont encore à l’honneur aujourd’hui. Par exemple :
À cette époque également, de grands compositeurs réputés joyeux fêtards ne pouvaient pas manquer l’occasion de pousser la chansonnette. On leur doit deux canons dédiés à la beuverie :
- Où l’on me verse du bon vin par W.A. Mozart (1756 – 1791),
- À la cuisine par Luigi Cherubini (1760 – 1842).
Fin du XIXᵉ et début du XXᵉ siècles, les chansons à boire n’ont pas manqué d’être reprises dans les répertoires des chanteurs populaires. C’est notamment le cas du très connu
- Boire un petit coup, c’est agréable dont la paternité reste nébuleuse quoique moult fois revendiquée.
Certes, notre petit tour d’horizon s’est essentiellement concentré sur les chansons à boire pour chorale en francophonie. Mais nous allons utiliser un exemple irlandais pour parler de la chanson de marin où se mêle également des airs de chanson à boire :
- The drunken sailor (What shall we do).
Bien entendu, les chansons à boire se comptent par centaines. Cette liste aurait pu être beaucoup plus longue. Mais beaucoup d’entre elles n’existent qu’à une seule voix. Les entonner rend moins compliqué l’exercice polyphonique, mais rend aussi l’expérience festive moins exaltante.
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