Chanson française des années 50 et 60 pour chœur

La chanson française va suivre de nouvelles tendances dans les années 50 et 60. En fait, quelques frémissements de ces changements étaient déjà apparus avant la seconde guerre mondiale. Mais, c’est en sortant de celle-ci qu’un nouveau style de chansons va véritablement émerger. Voyons ce que recouvrent ces évolutions. De plus, nous examinerons quelques adaptations pour chœur de certaines de ces chansons.

Qu’est-ce qui va changer et pourquoi ?

Avant l’entre deux guerres, la chanson francophone trouve essentiellement ses racines dans la tradition populaire. Dès lors, ces chansons du peuple et/ou pour le peuple sont basées sur des mélodies simples, parfois soutenues par des accompagnements élémentaires. Tantôt divertissantes, tantôt critiques ou satiriques, elles parlent directement au vécu de la population. Progressivement, la diffusion de ces chansons s’exercera dans des lieux déterminés (places publiques, marchés, cabarets, cafés…). Sous cette forme, les chansons populaires resteront bien présentes jusque dans la première partie du XXᵉ siècle, notamment avec le courant des chansons réalistes. Mais, dans les années 20 et 30, plusieurs évènements vont venir influencer ce petit monde de la chanson.

Tout d’abord, le perfectionnement des techniques d’enregistrement. Au début du XXᵉ siècle, des nouvelles possibilités d’enregistrer et de reproduire le son vont permettre une meilleure diffusion des créations musicales. Parallèlement, le développement des réseaux électriques va faciliter petit à petit son utilisation par un plus grand nombre. En même temps, la radiodiffusion permettra la création de station de radios. Toutes ces techniques vont avoir pour effet de faire entrer la chanson populaire dans tous les foyers.

De plus, suite à la première guerre mondiale et à la venue des Américains sur le chant de bataille européen, un autre phénomène va être marquant : la propagation du jazz. En effet, la découverte de cette nouvelle forme musicale en Europe va modifier la création musicale à plusieurs niveaux. Par exemple, l’importance du rythme va s’imposer. Particulièrement, l’utilisation de rythmes plus dansants et plus syncopés. Mais, des nouvelles lignes mélodiques et une nouvelle forme d’harmonie vont également émerger.

Les précurseurs

Donc, profitant de toutes ces innovations, les auteurs, compositeurs et interprètes vont les utiliser directement dans leurs créations et dans leur diffusion. Évidemment, ces mêmes moyens de diffusion en augmenteront la popularisation. À l’américaine, les artistes entrent ainsi dans l’ère du vedettariat qui ne cessera de grandir jusqu’à aujourd’hui. Précédemment, la célébrité n’était effective que dans des milieux restreints et sélectifs. Dès l’entre deux guerres, les artistes peuvent conquérir le cœur d’un public beaucoup plus large. En plus, la diffusion d’images filmées (notamment dans les actualités) renforcera ce phénomène de popularisation.

Alors, une nouvelle génération de créateurs et d’interprètes apparait dès avant la seconde guerre mondiale. Mais, ils ne connaîtront une réelle popularité qu’après la fin du conflit. Ainsi, fin des années 40 et début 50, les deux auteurs-compositeurs-interprètes les plus représentatifs de cette nouvelle génération seront Edith Piaf et Charles Trenet.

Issue du courant de la chanson réaliste, Edith Piaf en gardera le style de voix après la période de sa vie où elle fut chanteuse de rue. Toutefois, c’est la rencontre avec un imprésario et avec sa pianiste-compositrice peu avant la seconde guerre mondiale qui feront évoluer son style et sa carrière.

Pour ce qui est de Charles Trenet, la vie sera, pour lui, plus facile. Introduit dans les milieux artistiques, peu avant la guerre 39-45, il écrit ses premières chansons pour lesquelles il connait très vite un réel succès. Mais, la guerre réduira pour lui comme pour beaucoup d’autres les possibilités de se produire. Néanmoins, dès la fin des hostilités, il reprendra une belle carrière qui deviendra même internationale.

Deux adaptations pour chœur de chansons de ces deux précurseurs :

• Hymne à l’amour (Edith Piaf) – version à 4 voix ;
• La mer (Charles Trenet) – version jazzy à 3 voix.

Les phares de la nouvelle chanson française des années 50 et 60

Au début des années 50, quelques grands noms vont peu à peu s’imposer sur les scènes de la francophonie. Il faut souligner que ce qui les caractérise, c’est la qualité des paroles qu’ils mettront en musique. Avec comme conséquence que cela fera dire d’eux qu’ils sont des chanteurs à texte. Leurs chansons s’appuient sur un travail poétique relativement élaboré. Ainsi, plusieurs d’entre eux verront même leurs textes de chansons publiées dans des recueils de poésie. De plus, ils n’hésiteront pas à choisir des poèmes d’écrivains connus pour les mettre en musique. Parmi ceux-ci, Aragon et Prévert sont les plus connus.

Venu du Plat Pays, Jacques Brel prendra plusieurs années avant de connaître le succès. Tout comme le Sétois, Georges Brassens, ils attendront le milieu des années 50 pour être reconnus. Dans le même temps, Léo Ferré, a commencé à se faire un nom. Par contre, c’est un peu plus tard au début des années 60 que Jean Ferrat deviendra un des piliers de la chanson française. Dans des styles très différents, ils représentent à eux quatre les vecteurs d’un nouveau style de chansons où d’autres vont aussi exceller.

Quatre adaptations pour chœur de chansons de ces piliers de la chanson française :

• Quand on n’a que l’amour (Jacques Brel) – version à 4 voix ;
• Les copains d’abord (Georges Brassens) – version à 4 voix ;
• Avec le temps (Léo Ferré) – version à 3 voix ;
• Que serais-je sans toi ? (Jean Ferrat) – version à 3 voix.

Une floraison d’auteurs-compositeurs-interprètes en chanson française durant les années 50 et 60

Bien entendu, autour de ces quatre grands noms, une foule d’autres talents s’est aussi exprimée par l’écriture et l’interprétation d’un nouveau répertoire de chansons françaises. Parmi eux, il faut avant tout souligner la présence féminine. Plusieurs femmes se cantonnèrent dans un rôle d’interprète (Catherine Sauvage, Juliette Gréco, par exemple). Néanmoins, Anne Sylvestre et Barbara furent des compositrices très en vue durant ces deux décennies.

Très tôt après la guerre, Francis Lemarque, issu du monde ouvrier, se fera reconnaître dans le domaine de la chanson. Il sera rejoint peu après par Serge Gainsbourg. Comme lui, plusieurs artistes issus de l’immigration, deviendront des grands noms de la chanson française. Notamment, Charles Aznavour et Georges Moustaki.

Parmi les chanteurs, il faut relever la place prise par ceux qui ont fait un lien plus direct entre chanson et jazz. Par exemple, Claude Nougaro et Michel Legrand furent très complices sur ce plan à leurs débuts. De plus, leur production dura toute leur vie, bien au-delà des vingt années que nous évoquons ici.

À souligner, le fait que la chanson française va aussi émerger au Québec à cette époque. Le poète et chanteur Félix Leclerc en sera un des porte-drapeaux. Mais à côté de lui, une autre figure va prendre une place essentielle ; il s’agit de Gilles Vigneault. D’autres noms, porteront haut les accents particuliers de cette belle province canadienne.

Pour terminer cette rétrospective, relevons la place prise par certains interprètes qui apporteront un succès à des chansons dont les auteurs et compositeurs restent pour la plupart assez méconnus. Parmi ces pures interprètes, les plus en vue seront Serge Reggiani, Yves Montant et Bourvil.

Voici quelques adaptations pour chœur de chansons de ces grands noms de la chanson française :

• Si la pluie te mouille (Anne Sylvestre) – version à 2 voix ;
• Dis quand reviendras-tu ? (Barbara) – version à 4 voix ;
• Le temps du muguet (Francis Lemarque) – version à 4 voix ;
• La chanson de Prévert (Serge Gainsbourg) – version à 3 voix ;
• Emmenez-moi (Charles Aznavour) – version à 4 voix ;
• Le temps de vivre (Georges Moustaki) – version à 4 voix ;
• Armstrong (Claude Nougaro) – version à 4 voix ;
• Les moulins de mon cœur (Michel Legrand) – version à 3 voix ;
• Les amours, les travaux (Gilles Vigneault) – version à 4 voix ;
• Les saltimbanques (Yves Montant) – version à 4 voix ;
• La tendresse (Bourvil) – version à 2 voix.

Et ensuite ?

Par la suite, de nouvelles influences vont apparaître avec la place de plus en plus importante que prendra la variété anglo-saxonne et américaine. De fait, la planète entière sera conquise par le folk, le rock et la pop musique. Dès lors, la chanson française en sera fortement imprégnée dès les années 60, mais surtout à partir des années 70. Ainsi, ces nouvelles mutations donneront naissance à une nouvelle génération d’auteurs, de compositeurs et d’interprètes. Mais, cela est une autre histoire. Certainement, y reviendrons-nous d’ici à quelques mois !

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