Pourquoi présenter une sélection spécifique de noëls baroques pour chorale ? Sans doute, vous est-il déjà arrivé d’effectuer une recherche sur internet basée sur l’expression « Noël baroque » ? Quasi systématiquement, on se trouve dirigé vers de la musique essentiellement instrumentale.
Certes, les concertos des grands compositeurs de cette époque baroque sont agréables à l’oreille. Et certains d’une douceur qui sied à l’ambiance d’une veillée de Noël. Mais, les œuvres chantées à plusieurs voix sont très souvent minoritaires, voire ignorées. Dès lors, quand il s’agit de citer des titres de morceaux pouvant composer un répertoire de chants baroques pour Noël, on peut se trouver relativement démuni. Seuls, l’un ou l’autre tube apparait. Habituellement c’est un standard connu de la musique sacrée, mais généralement sans lien particulier avec la fête de Noël. L’exemple parfait est le fameux Hallelujah extrait du Messie de Handel.
Par cet article, VOX CHORI s’attèle à cette tâche pour réaliser une présentation d’un peu plus d’une dizaine d’œuvres représentatives des Noëls baroques pour chorale.
Noëls baroques anciens pour chorale
Pour débuter, examinons quelques œuvres proposées par des compositeurs de la période qui a vu naître et se développer la musique baroque. À la suite de Renaissance, il s’agissait de donner plus de place à la mélodie. Progressivement, l’harmonie devint plus riche, plus expressive. De plus, les œuvres intègrent une basse continue qui se systématise également.
- Hodie Christus natus est (3 voix) de Claudio Monteverdi (1567 – 1643). Premier maître symbolisant le passage de la Renaissance au Baroque, Monteverdi reprend un classique grégorien que bon nombre de compositeurs utiliseront avant et après lui.
- Es ist ein Ros entsprungen (4 voix) de Michael Praetorius (1571 – 1621). Sans doute, un des premiers compositeurs porteurs du nouveau style musical baroque en Allemagne, Praetorius harmonise ici un classique parmi les noëls luthériens. Certes, mieux connu en français sous le titre « Dans une étable obscure« , cette composition est devenue un incontournable pour un répertoire de Noël.
- Ein kindelein so löbelich (4 voix) de Samuel Scheidt (1587 – 1654). Ce qu’il faut remarquer dans ce choral de Scheidt, c’est la manière dont il fait chanter les différentes voix afin qu’elles se croisent et interagissent entre elles.
- Noe pastores canticorum novum (4 voix) de Guillaume Bouzignac (1587 -1643). Avec ce compositeur, nous passons en France pour une composition jouant sur les oppositions, sur les contraires.
- Wie soll ich dich empfangen (4 voix) de Johann Crüger (1598 – 1662). En réalité, Crüger présente ici une première version de la mise en musique d’un texte sacré de Noël qui sera largement utilisé dans la musique allemande. Nous présentons la célèbre version de Bach ci-dessous.
- Cum Rex magnus (3 voix) de Joannes vander Wielen (1644 ? – 1678). Obscure compositeur gantois, vander Wielen nous livre un motet dans lequel il marque le contraste de ce grand roi né dans d’humbles conditions.
Noëls par les grands maîtres du baroque
Après ces initiateurs de la musique baroque, on assiste à l’avènement des grands noms de la musique baroque. Ainsi, ceux-ci vont parfaire leur art pour le porter à sa forme la plus élaborée. Dès lors, il est intéressant de voir comment cela se traduit dans des œuvres consacrées à la célébration de Noël.
- In dulci jubilo (3 voix) de Dietrich Buxtehude (1637 – 1707). Ce grand compositeur du nord de l’Allemagne va influencer ceux qui le suivront et particulièrement J-S Bach. Sur un texte particulier du XIVᵉ siècle mélangeant latin et allemand que reprendra aussi Bach (voir ci-dessous), il organise un dialogue entre le chant et l’orgue.
- Salve puerule (4 voix) de M-A Charpentier (1643 – 1704). Élève de Giacomo Carissimi, le français fut biberonné à coups d’oratorios par le maître italien. De la même manière, il compose une forme de Représentation de la Nativité dont ce Salve puerule est extrait. Ainsi, il fait chanter les bergers dans un chant de salutation et de réjouissance.
- Wie soll ich dich empfangen extrait du célèbre Oratorio de Noël BWV 248 (4 voix) de J-S Bach (1685 – 1750). De nouveau, le maître d’Eisenach nous montre son art d’accommoder les plats avec une nouvelle sauce. D’une part, il utilise le texte dont Crüger (voir ci-dessus) avait assuré une première mise en musique. D’autre part, il reprend la musique d’un choral luthérien (déjà utilisé dans sa célèbre passion) en modifiant son harmonisation.
- In dulci jubilo (4 voix) de J-S Bach (1685 – 1750). Tout comme son maître Dietrich Buxtehude (voir ci-dessus), il reprend ce vieux texte du Moyen Âge pour en réaliser une adaptation pour chœur.
Deux mélodies pour des noëls baroques arrangées pour chorale
- Hymne à la nuit (4 voix) de J-Ph Rameau (1683 – 1764). Il faut savoir que cette mélodie est attribuée au compositeur français, mais sans réelle certitude. Quant à l’harmonisation, elle date du XXᵉ siècle et est donc nettement plus récente. De plus, le sujet n’est pas spécifiquement centré sur Noël. Toutefois, ce thème de la nuit salvatrice cadre tout à fait avec celui de la nativité.
- Joy to the world (4 voix) de G-Fr Handel (1685 – 1759). Pour ce morceau également, il s’agit d’une attribution de la mélodie au célèbre compositeur baroque allemand établi en Angleterre. Mais, de même que pour le morceau précédent, cela reste sans certitude. Cependant, ce morceau devint l’hymne de Noël, sans doute le plus connu dans le monde anglo-saxon, grâce à la version réalisée par Lowell Mason au XIXᵉ siècle.
À l’approche de la fête de Noël, ces différents exemples de noëls baroques devraient permettre d’agrémenter certains concerts avec ce type de programme pour l’une ou l’autre chorale.
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