Durant les XVᵉ au XVIᵉ siècles, la Renaissance va connaître une floraison assez importante de chansons d’amour. Ainsi, au milieu de ce mouvement artistique et philosophique qui suit le moyen-âge, les chansons vont traduire les diverses manières de percevoir le sentiment amoureux. Généralement, les paroles de ces chansons nous montrent les formes d’expression de l’amour des hommes de cette époque vis-à-vis des femmes.
Étant donné que cette époque se réfère à l’antiquité et à ses mythes, les chansons d’amour y feront aussi référence. Mais, en plus des histoires d’amour heureuses ou malheureuses que connaissent les protagonistes, les compositeurs de la Renaissance présentent aussi des formes plus « légères » de chansons d’amour. De sorte que, parfois, celles-ci versent franchement dans la grivoiserie et la paillardise.
Vu la richesse de ce répertoire, VOX CHORI vous invitent à un petit tour d’horizon des différents types de chansons d’amour de cette époque. Cela avec quelques exemples à la clé. Comme de tradition dans notre site internet, chaque œuvre citée comporte un lien qui conduira à une page reprenant la chanson, le téléchargement de la partition et les voix à répéter.
L’amour heureux
Tout d’abord, commençons par les compositions qui évoquent l’amour heureux. En fait, l’amour y est souvent idéalisé et magnifié. En effet, les textes de ces chansons expriment une certaine douceur emprunte de poésie. Ils recourent à un certain nombre d’images. Ainsi, le jardinet, les fleurs (rose), l’oiseau sifflant gaiement (rossignolet) et d’autres évocations allégoriques y trouvent une place de choix.
Comme exemples de cette thématique, nous reprendrons deux chansons représentatives du genre.
- D’abord, le célèbre « L’amour de moy » d’un compositeur anonyme du XVIᵉ siècle. Cette chanson figure dans le Manuscrit de Bayeux à côté de plus d’une centaine d’autres. Mais, comme à l’origine, cet air ne comporte qu’une seule voix, vous le trouverez ici dans une harmonisation contemporaine à 3 voix.
- De même, une autre composition à 3 voix de l’italien Gastoldi datant de la fin du XVIᵉ siècle, « Il Felice » (Le bonheur).
L’amour chagrin
Toutefois, il n’y a pas que l’amour heureux qui soit décrit à la Renaissance dans ces chansons d’amour. Très souvent, c’est un amour déçu ou trahi ou délaissé qui prend la place du thème central. Sous cette forme, l’amoureux éconduit par celle qu’il convoite, soupire et se lamente sur ses désillusions.
Pour en illustrer l’importance, nous présentons 8 chansons qui explicitent cet angle de vue de la passion amoureuse.
- Tout d’abord, une chanson du plus européen des compositeurs de l’époque, Roland de Lassus. Originaire de Mons (Belgique), il a séjourné et officié dans quasi tous les pays européens de l’époque. Son très connu « Mon cœur se recommande à vous » à 4 voix s’inscrit tout à fait dans ce thème de l’amour chagrin, de l’amour transi.
- Pour suivre, un des grands tubes du chant choral à 4 voix composé à la Renaissance, « Belle qui tiens ma vie » attribué à Thoinot Arbeau qui le publia dans son Orchésographie.
- Ensuite, un autre compositeur prolifique, issu de la même sphère franco-flamande, Jacques Arcadelt (belge et namurois). Celui-ci traite toujours ce même thème dans ces deux morceaux à 3 voix : « Amour a pouvoir sur les dieux » et « Mon plaint soit entendu« .
- Encore de la même école franco-flamande, le compositeur Tielman Susato. Dans sa chanson à 3 voix « De jour en jour« , il exprime la peine d’un amoureux éconduit.
Durant la Renaissance, en Italie, en Angleterre et en Espagne, les chansons d’amour parlent aussi d’amour transi.
- Ainsi, une œuvre de celui qui est sans doute le plus grand compositeur italien de la Renaissance : Giovanni Pierluigi Palestrina. Sa chanson à 3 voix « Ahi che quest’occhi miei » traduit pleinement la désillusion amoureuse.
- De l’autre côté de la Manche, ce thème sera traité dans le célèbre poème « O Fly not Love » de Thomas Bateson. Celui-ci sera mis en musique pour un chœur 3 voix par Thomas Morley.
- Autre exemple, le « Bella de vos som amoros« , un villancico d’un compositeur anonyme espagnol. Repris dans un recueil, le Cancionero d’Uppsala, cette chanson en catalan traduit les attentes d’un amoureux transi.
L’amour trompé
Cependant, l’amour, tel qu’il est exprimé en ce temps-là, n’est pas que triste et languissant. Parfois, il prend des airs légers et enjoués. Généralement, cela se fait sur le mode de la moquerie du mari trompé ou cocufié.
Par exemple, nous retrouvons ce thème dans les deux chansons suivantes :
- En premier lieu, le bien connu « Din di rin din » à 4 voix d’origine anonyme. Issu d’un autre recueil de chansons espagnoles, le Cancionero de Palacio, il prend une allure guillerette où la belle demande au rossignolet d’aller dire à son amant qu’elle est mariée.
- En second lieu, un autre morceau tout aussi réputé « La la la, je ne l’ose de dire« . Composée par Pierre Certon, cette chanson à 3 voix se moque d’un mari jaloux et cocu.
L’amour grivois
Mais au-delà de cette légèreté, la frivolité peut virer, dans certaines chansons, à la paillardise ou à la grivoiserie ? De fait, les compositeurs de la Renaissance ne s’abstiennent pas d’aborder le thème de l’amour, même dans ses penchants les plus libidineux.
Pour montrer cela, nous utiliserons deux compositions pareillement connues.
- Ainsi, la première est de Roland de Lassus, dont nous avons déjà parlé plus haut. Avec son « Matona mia cara » à 4 voix, il reprend le style de la villanella (chanson populaire de style napolitain). Dans ce registre, il présente une parodie d’une sérénade chantée par un mercenaire qui tente maladroitement et grivoisement de séduire sa belle.
- Tandis que le tout aussi fameux « Ce mois de mai » du français Clément Janequin, n’est pas en reste sur le ton de la paillardise. Puisque, là, c’est l’amante qui explique elle-même qu’elle se décottera pour baiser son ami.
Le thème de la vanité à la Renaissance dans les chansons d’amour
Pour terminer, un dernier thème également présent à la Renaissance dans les chansons d’amour est celui de la vanité. C’est-à-dire que ce bel amour, ces sentiments et cette beauté que l’on exprime, deviennent l’occasion d’en souligner la fragilité et le caractère éphémère.
Cette thématique s’illustre remarquablement dans le célèbre texte de Pierre de Ronsard : « Mignonne, allons voir si la rose« . Pour ce qui est de la partie musicale, son contemporain, Guillaume Costeley, a merveilleusement mis en musique ce poème dans une partition à 4 voix.
Comme à cette fleur, la vieillesse fera ternir votre beauté…
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